Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 09:49

Mgr. Georges PONTIERMesse chrismale   -  lundi 17 mars 2008

 

Homélie

 

Il est dans la liturgie de ce jour une belle expression pour désigner le Christ : l’unique source du salut. Ce qui caractérise une source, c’est le fait qu’elle donne et se donne. Si elle s’arrête de donner, elle n’est plus une source. Une source donne et ne cesse de donner.

Il faut même dire qu’elle se donne. Car ce qu’elle donne, c’est elle-même. Elle communique ce qu’elle est, généreusement, à tous ceux qui s’en approchent sans distinction d’aucune sorte, sans même se soucier de ce qu’on fera d’elle qui ne cesse de se donner. Son eau sera-t- elle salie, polluée, respectée, partagée ? Elle se donne avec confiance, elle ne sait que donner. S’arrêter de donner, c’est ne plus être source. Ce qui la caractérise vraiment, c’est bien d’être don généreux, c’est bien de se donner.

 

Jésus, le Christ, Unique source du salut !

 

Nous le savons ou plutôt nous le croyons, Il n’est que don : Il est don du Père et ne cesse de donner au Père son amour filial. Il n’a rien en propre. Il ne garde rien pour lui. Tout ce qu’il est, tout ce qu’Il a reçu du Père, Il Le lui retourne et le donne. Le Père et le Fils nous communiquent l’Esprit de vie et d’amour qui les unit. Oui, cette source de vie et d’amour s’est ouverte sur l’humanité. Elle ne cesse de donner parce qu’elle est vraiment source de toute vie et de tout amour. Dieu n’est que don et ne sait que donner et se donner Lui-même.

 

Et le Seigneur Jésus est venu sauver cette source qui avait été comme polluée par le péché de l’homme, détournée, rejetée. Durant sa vie, Il l’a fait couler pour le bien des petits et des pauvres, des prisonniers et des malades, des étrangers et des aveugles. Il abreuvait les cœurs assoiffés, guérissait les corps meurtris, réconfortait les esprits découragés. « Te voilà guéri, lève-toi et marche, je ne te condamne pas, va et ne pèche plus, tes péchés sont pardonnés. » Il ne soignait pas les corps sans guérir les âmes et il ne guérissait pas les âmes sans soulager les corps. Il est venu nous apprendre à faire de nos vies des sources, comme la sienne, pour que jamais ne se tarisse en nous le goût de vivre, la joie de se donner. Il nous a appelés à la vie pour cela.

Et voilà que sur la croix est révélé ce mystère par ce coup de lance inutile, « les soldats, voyant qu’il était déjà mort ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau ». Et nous voyons là signifiée pour nous l’origine de cette source inépuisable : le cœur du Christ, l’amour insondable de notre Dieu dont nul ne peut connaître « la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur », selon les mots de Paul aux Ephésiens.

 

 Dans sa bonté, le Seigneur Jésus a voulu que cette source continue de couler jusqu’à la fin de l’histoire par les sacrements de l’Eglise, véritable corps du Christ, corps donné pour l’humanité. Les sacrements sont là, célébrés pour rejoindre tous ceux et celles qui s’en approchent. Ils soulagent les corps et illuminent les cœurs. Ils guérissent les ténèbres des peurs multiples. Ils ouvrent à la confiance et à la fraternité. Ils irriguent les cœurs renfermés et les ouvrent à l’espérance qui ne trompe pas.

 

Et voilà, mes frères, que les ministres ordonnés, les prêtres et les diacres, sont au service de cette source pour en conduire les flots sauveurs jusqu’à tout être humain, en exerçant en communion avec leur évêque leur ministère au service de tous. Vous le savez bien ! L’eau du

 

baptême, l’onction d’huile sur les malades, la parole du pardon, le corps et le sang du Christ donnés en nourriture, l’huile des catéchumènes, la Parole de Dieu partagée, enfin tous ces gestes sacramentels qui donnent accès à cette source de vie que nul ne peut s’approprier, mais que chacun peut recevoir à la mesure de son humilité et de son désir. Et si nous sommes comme mis à part dans ce corps, ce n’est pas pour nous mettre en dessus des autres membres, mais pour rendre le service de rappeler que la source vient d’ailleurs, ne vient pas de nous, nous précède, nous donne vie et que cette vie se reçoit comme le don le plus merveilleux d’un  amour partagé.

 

Dans un instant avec les prêtres et les diacres, nous allons renouveler les engagements pris le jour de notre ordination. Vous le verrez, cela consistera en deux questions.

La première pour nous rappeler que nous ne sommes pas nous-mêmes la source, mais serviteurs de la source. Il nous sera redit l’importance de demeurer unis au Seigneur Jésus et de lui ressembler.

La seconde d’être des serviteurs désintéressés et charitables de la grâce du Seigneur. Oui, nous sommes prêtres ou diacres pour vous, au nom du Seigneur. Dans l’exercice de notre ministère nous nous employons à servir la rencontre de Dieu et des hommes. Dans notre vie personnelle, comme chacun de vous, nous venons boire à l’unique source du salut. Et je puis vous dire que ce ministère nous comble, nous rend témoins des fruits merveilleux que produit cette source dans le cœur et la vie de ceux qui s’y abreuvent ! Il est grand le mystère de la foi.

 

Priez pour nous, priez aussi pour que de jeunes hommes entendent cet appel à devenir pour leurs frères en humanité serviteurs des dons de Dieu.

 

Jésus le Christ, Unique source du salut !

 

Puissions-nous, ensemble, en être les heureux témoins. Faisons-nous proches de nos frères, conduisons-les à Celui qui soulage les corps et illumine les cœurs, dés aujourd’hui pour un monde plus solidaire et fraternel, et demain dans les cieux nouveaux et la terre nouvelle où il sera tout en tous.

 

Telle est notre foi, telle est notre mission.

 

Amen

+ Georges PONTIER

 

Partager cet article
Repost0

commentaires