Homélie
de Mgr Jean-Pierre ELLUL.
+ Au nom du Père et du Fils et du St Esprit. Amen.
Lorsque vous arrivez en vue du lac de Tibériade, c’est une vue saisissante qui vous attend. Avec le bord de mer, aménagé pour les pèlerins, les touristes et ceux qui y habitent, presque rien n’a changé. Le clapotis de cette mer de Galilée, les monts du Golan, et ce qui reste de la maison de Pierre, tout près de la Synagogue du Pain de Vie.
Jésus à l’habitude de venir habiter cette maison. On voir encore l’infrastructure, conservée par les Pères Franciscains, nous le rend tout proche. On croit entendre sa voix, sa parole en araméen, le regard levé vers le Père, de qui il tient tout. Car il vient dans le monde, pour faire sa volonté et nous montrer que Dieu, notre Père est un Dieu tout proche de nous.
Près de l’embarcadère une foule nombreuse se presse. Marché au poisson, passage en barque pour aller de l’autre côté, vendeurs de toute sorte, on est loin de l’image d’Epinal, où tout est bien policé.
Non, Jésus pour se faire entendre, monte dans une des barques et de là, enseigne la foule. Il dût une fois encore, questionner cette foule par sa parole d’amour, car ceux qui l’entendaient, s’en retournaient en commentant ses paroles, disant que jamais un homme, un rabbin, un lévite, leur avait parlé de la sorte. Et puis et surtout, ils comprenaient ses paroles, car elles touchaient leurs cœurs et les rendaient plus disponibles à la prière de la synagogue et aux autres.
Un vrai prophète, devancé par tous les miracles, qu’il avait fait dans la région. Une question pourtant : venant de Nazareth, qui était-il ? Car on se posait pas mal de questions à son sujet. Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? Nous-mêmes aujourd’hui aurions-nous écouté sa parole ? Il n’était pas de notre monde, il fréquentait les pécheurs, les gloutons et les prostituées et se permettait de dire, qu’il ne venait pas pour les biens portant, mais pour les pécheurs.
Mieux que de grands discours, il fait des gestes qui ne trompent pas ceux qui en vivent. Des miracles !
Avance au large ! Mais, Maître, nous n’avons rien pris… mais, tu me le demandes, alors je vais jeter les filets ! Que de poissons, quelle pêche ! Ceux qui sont là, au bord du lac, les autres pêcheurs ont vite compris que cet homme, n’est pas comme les autres. Et puis, ce qui touche vraiment, c’est qu’il fait tout cela gratuitement, sans rien demander d’autre. Oui ses paroles et ses gestes posent question, vous retournent le cœur, vous rendent meilleur, et là, comment ne pas s’émerveiller de tant de conversions ?
« Eloigne-toi de moi Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » Oui c’est la stupeur, une stupeur évidente, comme celle que nous remarquons dans nos vies, quand le Seigneur nous appelle à dépasser nos égoïsmes. Sans lui, nous ne pourrions le faire ; sans lui, nous resterions dans notre péché. Mais il est là, et il nous demande à nous aussi, de jeter les filets, même si nous sommes sûrs que nous ne deviendrons pas meilleurs, tant l’habitude nous empêche de nous convertir.
« Ne crains pas, désormais tu seras pêcheur d’homme. » Puis laissant tout ils le suivirent ! Suivre Jésus ! N’entendez-vous pas, par delà les siècles, les reproches de la femme et de la belle-mère de Pierre, ceux véhéments de la mère des fils de Zébédée, elle qui rêvait pour eux, une place si importante dans ce nouveau Royaume promis par Jésus.
Il me semble entendre les récriminations de certaines de nos familles lorsque nous décidons de rentrer au Séminaire où dans une Communauté religieuse. Souvent même de bons croyants ayant rêvé pour leurs enfants d’une carrière où ils pourront déployer leurs talents, et surtout bien gagner leur vie sont déçus par la réponse positive qu’ils donnent au Seigneur. D’autres l’attentent tellement, pour satisfaire, je ne sais quoi d’orgueil, que le Seigneur n’appelle pas. Mais la majorité de nos familles, rend grâces à Dieu, pour le don qui leur est fait et deviennent pour leurs enfants de vrai témoins de la foi.
Cela nous invite à prier pour les vocations, et pour ceux qui de par le monde recevront l’ordination sacerdotale ou diaconale. Et nous n’oublierons pas les séminaristes de notre diocèse, qui avec joie, se consacrent au service de notre église diocésaine pour servir le Christ, célébrer le Saint sacrifice de la Messe et prodiguer avec les Sacrements, la Parole de Dieu et sa Miséricorde infinie.
En célébrant la semaine dernière la fête du Sacré-Cœur, j’ai demandé pour nos deux paroisses dont j’ai la charge, un surcroît de sainteté, invitant à vivre désormais comme des témoins de la foi, sûrs de ce que le Cœur Sacré de Jésus nous a apporté.
Ainsi, nous voulons que notre paroisse de St Charles, soit une vraie et belle paroisse.
Mais nous pourrions y mettre un curé avec deux prêtres et des séminaristes, et sur l’ordo diocésain cela ferait quelques lignes de plus, et puis ? Mais que feraient-ils toute la journée, puisque lorsque nous venons pour les messes du soir, il y a si peu de monde ?
Et que dire de notre vagabondage spirituel, lorsque l’on va à la messe où bon nous semble changeant de paroisse, quand cela nous déplaît. On peut toujours rêver, ce n’est pas défendu, mais nous nous trouvons devant la triste réalité du peu de participation.
Oui, je sais, vous me direz que si nous étions là à demeure ?Je crois que cela ne changerait rien ! Au début peut-être, mais dans le long temps ? Aussi, je n’oublie pas de remercier en notre nom à tous, les Pères de la Miséricorde Divine. Pensez qu’ils font des kilomètres depuis Toulon. Heureusement qu’il y a nos jeunes le mercredi, et vous le dimanche, sinon ? Et la chorale que je remercie également, qui tous les dimanches, est là, répétant inlassablement pour que la messe soit solennelle. Mais nous, puisque l’on doit partir, nous préférons venir plus tôt le matin afin d’accomplir notre devoir dominical, sans penser qu’il y aura peu de monde à la messe paroissiale.
Voilà les questions que le Christ nous pose ! Vous me connaissez, je le dis comme je le pense, pour nous provoquer à une prise de conscience. Nous avons la chance, l’avantage, d’avoir une si belle église et c’est notre église ; avec des locaux, et avec nos fidèles sacristains, des personnes, qui tous les jours ont la charge de l’ouvrir, de l’entretenir, de la garder, pour renseigner et expliquer ce lieu saint, chargé d’histoire.
Aussi je compte sur vous pour la rentrée. Moi aussi, comme le Christ, je vous dirai : « Jetez les filets. » Surtout ayez la gentillesse de ne pas me dire : Mais nous ne prenons rien, nous n ‘y arriverons pas.
Nous y arriverons, quand le Seigneur le voudra. Mais pour cela délaissez, comme vous le faites d’ailleurs de plus en plus et je vous en remercie, oui, délaissez les critiques et les gémissements qui ne mènent à rien, mais au contraire, entrevoyez comment nous pourrons aller de l’avant à la rentrée prochaine.
Je terminerai cette homélie, par ces quelques annonces : durant les mois de juillet et d’août, il n’y aura pas de messes en semaine. Que les trois ou quatre personnes qui nous font l’amitié de venir y participer, trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.
Et pour que tous, vous puissiez vaquer à vos occupations estivales, comme les années précédentes, les messes seront célébrées à 8h 30 et à 10h à partir du 27 juin. C’est le dimanche de la rentrée, le 5 septembre que nous reprendrons les horaires habituels.
Merci, Chers Frères et Sœurs, pour votre accompagnement dans la prière.
Pendant les vacances, laissez-vous envahir par l’Esprit-Saint, prenez du temps pour lire et méditer la Parole de Dieu et moi-même avec le Père François-Xavier et le Père Eloi, nous restons à votre service.
Que le Seigneur et la Vierge Marie, nous aident à tenir bon et avec courage, dans la mission qui nous attend l’an prochain.
Mais nous sommes sûrs d’y arriver, nous appuyant sur la parole du Christ lors de la tempête apaisée : « Confiance, je suis là ! Je te tends la main, viens et n’aie plus peur, car je suis avec toi. »
+ Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.